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3:32 PM
Bonjour
@Sé1lanceLaléa Tiens, sur l’économie de la préposition chez Céline, notamment sur le tour elliptique qu’il invente, j’ai trouvé une hypothèse dans le livre “Poétique de Céline” d’Henri Godard – bien que l’auteur ne prenne pas en compte la phrase “Elle voulait être un autre endroit…” dans son analyse. Je me permets de copier le passage (p. 64-5).
“Rien n’est plus instructif sur ce point que de suivre l’émergence progressive de la construction, qui n’est pas plus vraiment populaire qu’orale, “d’un château l’autre”. Quand en 1957 elle devient titre, elle a une histoire de plusieurs années dans les recherches d’écriture de Céline. Elle semble avoir surgi en avril 1949, dans une lettre où Céline parle d’une urgence “qui peut survenir un instant l’autre”.
Dans le livre que Céline est alors en train d’écrire, Féerie pour une autre fois, on relève d’abord la construction normale “d’un bout du monde à l’autre bout”, “d’une petite concession à l’autre”. Puis la forme elliptique apparaît, à la faveur de l’idée de mouvements successifs, et moyennant l’interposition des trois points: “ils passent ils montent d’un côté… l’autre!…”.
Moins de dix pages plus loin, le tour est cristallisé, “Julot” guette Ferdinand qui monte en bicyclette vers Montmartre, “il m’aperçoit caracolant d’une pédale l’autre!”. Dans la seconde partie du roman (1954), après quelques retours à la forme traditionnelle et une nouvelle version de forme transitoire (“que ça polke d’un mur… bang! L’autre”), on assiste au triomphe de l’inovation.
Après la consécration du titre de 1957, non seulement elle se géneralise, comme il est naturel, dans le texte des trois derniers romans de Céline, mais elle a fait fortune, notamment dans la presse, si bien qu’il n’est pas exclu qu’on la retrouve sous peu intégrée au français authentiquement populaire, à la logique duquel elle obéit peut-être.
L’étude systématique de la syntaxe de Céline fera sans doute apparaître plus d’une construction de ce genre, qui participe d’abord du français populaire par un dynamisme d’invention syntaxique, avant d’éventuellement s’y fondre en tant que telle. Céline n’est jamais si difèle à la langue qu’il ac hoisie de mettre en œuvre que lorsque, s’écartant de la lettre, il prouve d’autant mieux qu’il a fait sien l’esprit.”
 
 
3 hours later…
LPH
6:46 PM
@ovide Dans le cas particulier de « D'un château l'autre », je ne suis pas si sûr qu'il faille considérer qu'une ellipse de « à » est l'explication de la syntaxe. « De » n'exprimerait pas un point de départ spatial mais le point de départ d'une situation antérieurement donnée, et ce point de départ serait celui d'une transformation, d'une évolution, ou, plus précisément dans ce titre, d'une déduction par parallélisme.
La simple relation de point de départ spatio-temporelle que « à » confirmerait comme celle exprimée par « de » ne semble pas très profonde. Est-ce qu'il s'agit d'une description de l'intervalle qui serait le passage d'un châteaux à l'autre, ce que « à » tendrait à impliquer fortement ?
Non, un compte-rendu de Wikipédia le précise, il s'agit d'un parallèle entre deux château, dont l'un, soit dit entre parenthèses, n'a de château que le nom en vertu du fait que c'est le cadre de l'existence de Céline, auquel il réfère par analogie en tant que château.
• Il dresse un parallèle entre la vie de Céline contemporaine à l'œuvre — en tant que médecin et écrivain, pauvre, maudit et boudé par sa clientèle — et sa vie à Sigmaringen où se sont réfugiés le gouvernement vichyste en exil et de nombreux collaborateurs devant l'avancée de l'armée du général Leclerc.
La véritable ellipse serait celle d'un verbe, un verbe comme « déduire » ou « transcrire », ou encore « expliquer » et « obtenir », ou mieux encore.
 
7:03 PM
@LPH Mille mercis !!!!
 

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